Coq en bronze Okpa Bénin - VENDU

Dans l'art africain, on retrouve de nombreuses représentations zoomorphes. Le coq occupe une place importante dans la statuaire du royaume de Bénin. Cet exemplaire exceptionnel est très finement sculpté. Voir ci-dessous pour plus de détails concernant ces objets remarquables témoignant de l’habileté des sculpteurs du Edo.

Le jeune coq est un sujet récurrent dans l'art traditionnel de la cour de Bénin. Ce fier animal compte, ses congénères des musées de Cologne et de Washington D.C., parmi les sculptures les plus raffinées qui ont orné, dans les siècles passés, les autels ancestraux de l'Oba de Bénin et de sa mère, l'Iyoba. Stylistiquement, ces œuvres d'art peuvent être datées du XVIIIème siècle et du début du XIXème. D'autres exemplaires, plus petits et rudimentaires étant attribués à la fin du XIXème et au milieu, voire à la fin du XXème siècle. Les exemplaires cités ici font partie des bronzes de Bénin les plus réalistes.
Ils révèlent de la part des bronziers royaux, des connaissances personnelles poussées et un grand sens de l'observation. Le procédé requiert beaucoup d'habileté et de patience : d'abord, il faut étaler une pellicule de cire sur un noyau d'argile lisse, puis graver sur le noyau des arrangements complexes de plumes à motifs et autres particularités, des semaines durant, pendant que la cire durcit, et enfin donner au coq sa stature et son caractère propres. L'aspect le plus frappant de ce coq, et d'autres semblables, est son individualité. Chacun pourrait être le "portrait" d'un coq bien réel, ou bien un composé de volailles que le bronzier gardait dans sa basse-cour, ou dont il avait apprécié la saveur. Et ces créatures ostentatoires régnaient sur les poules et leurs poussins.
Il faut souligner que l'épouse la plus âgée de l'Oba était désignée par l'expression "le coq qui chante le plus fort". Son titre, l'Eson, avait son équivalent dans tous les harems (erie) familiaux, d'un bout à l'autre du royaume de Bénin; et aujourd'hui encore, il reste en vigueur partout où il en subsiste. L'Eson est toujours l'aînée des épouses d'un homme dans un harem. Si elle est comparée à un coq, c'est en raison de son rôle de chef. L'Eson peut donner des ordres aux autres épouses et arbitrer leurs querelles, et elle est censée préserver la paix. Elle est très écoutée en raison de son âge, qui lui donne non seulement le droit de diriger les autres, mais aussi la connaissance et l'expérience nécessaires.
Bien qu'étant la plus âgée, l'Eson n'est pas toujours la première épouse; et, si la première épouse de l'Oba vivant dans le harem royal peut être l'Eson, elle n'est pas forcément destinée à devenir l'Iyoba, reine mère de Bénin. Ce titre n'est accordé qu'à l'épouse qui a porté le premier enfant mâle dont la naissance a été proclamée par l'Oba lui-même. La coiffure incurvée, conique ou pointue, propre à l'Iyoba a été comparée à tort à une "crête de coq", apparemment en raison de l'appellation de l'Eson, "le coq qui chante le plus fort". Comme exprimé précédemment, toutefois, il n'y a pas de corrélation obligatoire entre l'épouse la plus âgée de l'Oba et l'Iyoba, mère biologique du futur Oba de Bénin. De plus, la coiffure de l'Iyoba est désormais comparée à un "bec de perroquet", ukpe okhue.
A Bénin, coq et poules sont, les uns comme les autres, des offrandes de grande valeurs, destinées aux dieux. Ainsi, les femmes qui veulent entamer une grossesse sacrifient-elle, des poules blanches à Olokun, dieu des eaux et de la prospérité. Les volailles sont appréciées pour leurs œufs, et dans les "soupes" ragoût consommés avec différents féculents.
Comme beaucoup d'autres aliments, elles ont été ajoutées au régime local à la suite des explorations portugaises du XVe siècle, quand l'Afrique occidentale a commencé à commercer avec l'Asie et les Amériques. Les coqs qui apparaissent sur les autels ancestraux royaux font référence au prince héritier de bénin, l'Edaiken d'Uselu. Il occupe un domaine en dehors de la capitale elle-même ( séparé de sa mère biologique, qui, pour peu qu'elle soit toujours en vie, séjourne dans le harem du palais). Et, si l'Iyoba, sa grand mère, est vivante, il habite dans un autres palais, dans un domaine séparé à Uselu. Le prince héritier résidera à Uselu jusqu’à ce que le moment soit venu pour lui de commencer les rituels annuels pour son père, avant de monter sur le trône dans la cité de bénin. Comme le jeune coq, l'Edaiken l'emporte sur les autres en sa qualité de prince héritier, et il agit au nom de l'Oba du vivant de celui-ci. De ce fait, le coq en bronze précieux illustre tout naturellement son orgueil et sa confiance en soi. L'utilisation de ce métal de longue durée était traditionnellement réservée à la famille royale. Pour les autels familiaux, les chefs de l'Oba avaient droit à des volailles en bois sculpté et à des tètes ancestrales en bois. Les coqs en bronze comme celui-ci n'ont orné que les autels ancestraux de l'Oba et de sa mère.

Bibliographie : Collectif (2007). Bénin cinq siècles d'art royal. Editions snoeck, 398-399 pp.

Vendu
00586

Fiche technique

Datation présumée
Circa 1940
Dimensions
51 x 37 cm
Ethnie
Royaume Bénin / Bini Edo
Matière(s)
Bronze
Pays
Nigéria
Provenance
Collection d'art tribal Royaume Uni
État général
Très bon

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