Les statues de femme dans l'art africain des Baoulé

Sur le continent africain, les Baoulé croient en l’existence de génies de la brousse qui prennent forme humaine. Peu de personnes les ont vraiment vus mais des devins racontent qu’ils sont laids, bossus, velus. Invisibles pour tout un chacun, ils éprouvent une étrange affection envers certains humains. Problème : pour un esprit, comment entrer en intelligence avec un vivant ? Le posséder, littéralement. Le génie s’empare d’une personne qui devient médium, un komyenfwé, capable de donner des informations sur le futur, les soins à apporter. Volages et espiègles, ces esprits deviennent cléments et bénéfiques si on les honore.

Comment agir sur eux ? Les amener à “habiter” temporairement dans une oeuvre d’art qui absorbera leur pouvoir, pour le réguler. La statue n’est pas le “portrait” du génie, juste son habitacle. Selon l’expression, “le génie habite dans la statuette” (asie usu i tran olè). Ou ce sera le “tabouret” sur lequel il viendra se poser, ce qui explique que certaines de ces figures, comme celle-ci, représentent des personnages assis sur un siège traditionnel. L’insatisfaction est le propre des génies : après avoir accepté de résider au village, ils ne veulent pas seulement ressembler au commun des mortels ; il leur importe d’apparaître sous des traits idéalisés, magnifiés. Si la figure doit être aussi séduisante que possible, c’est parce que le génie exige que soit dissimulé tout ce qui passe, chez les humains, pour des défauts. Si la statuette était laide, le génie penserait qu’on se moque de lui. Une oeuvre splendide, en revanche, prédispose le génie à être bienveillant. Cette statue en bel état de conservation et magnifiquement sculptée était donc supposée accueillir un génie.

Cette authentique statue de femme est joliment réalisée, avec sa coiffe incrustée de bleu, et porte des colliers de perles.