L'existence millénaire des masques en Afrique

Les masques traditionnels se trouvent sur tous les continents et dans de nombreuses cultures. Parmi les peuples d'Afrique, d'Océanie et des Amériques. Les masques relient le monde des vivants au surnaturel.

Au Nord de l’Afrique, en Algérie, les peintures rupestres du Tassil-n' Ajjer montrent que les masques étaient déjà utilisés il y a des milliers d'années.
Aujourd’hui, de nombreuses cultures africaines continuent d’utiliser des masques pour les mêmes raisons que leurs ancêtres.

Certaines mascarades africaines sont encore exécutées de manière traditionnelle et originale. D'autres ont été adaptés pour répondre à l'évolution des besoins et de nouveaux masques sont créés pour intégrer des aspects du monde contemporain.

Reconstruire l'origine des mascarades est souvent difficile, bien que les traditions orales puissent fournir des informations utiles sur l'histoire de masques ou de rituels spécifiques.

Couple de danseurs avec masques africains Tyi Wara Bamana

Qui portait les masques traditionnels en Afrique et pourquoi ?

De par la diversité de masques que notre catalogue propose, allant du Mali à l'Angola en passant par la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire et le Gabon, nous examinons l'étendue et l'expression des traditions africaines auxquelles sont liés les masques.

Ceux-ci sont presque toujours contrôlés par les hommes qui incarnent parfois des personnages féminins.
Leur utilisation est souvent liée à des associations masculines fermées ou secrètes, qui les utilisent pour assurer le bien-être de la société dans son ensemble et renforcer le pouvoir des hommes vis-à-vis des femmes.
Dans de nombreux cas, les règlements, hérités des ancêtres, se transmettent à travers ces sociétés fermées. Les règles sont renforcées par la présence tangible du monde surnaturel incarné dans des masques aux formes et teintes des plus variées. Les masques peuvent également divertir et apporter justice, bonne fortune, enthousiasme et protection à la communauté.

Masques africains Yaka lors de l'initiation

Ainsi la plupart des masques agissent de manière dynamique lorsqu'ils apparaissent. Ils peuvent marcher solennellement, courir, danser ou réaliser des prouesses acrobatiques. Leurs mouvements de danse peuvent être prescrits avec précision ou improvisés.

Visages humains, animaliers ou surnaturels, ils ont aussi l’usage de la parole au travers de texte et chansons.
D'autres s'expriment dans un langage secret ou émettent des sons étranges qui ne peuvent être compris que par les initiés.

Masques, danses et musique dans l'art africain

Souvent, des instruments de musique les accompagnent : trompettes, flûtes, lamellophones et tambours produisent des sons qui peuvent conférer une « voix » à l’objet. Ces voix jouent un rôle important dans la caractérisation du masque. La musique qui accompagne les masques peut également inviter des individus spécifiques ou l'ensemble de la communauté à participer au rituel en dansant ou en les aidant à atteindre un état de transe qui les rapproche du monde des esprits.

Les costumes traditionnels et insignes de pouvoir

Pour la plupart des groupes ethniques d’Afrique subsaharienne, le terme « masque » désigne non seulement l’élément qui recouvre le visage, mais aussi le costume complet. De tels costumes recouvrent généralement complètement le corps du masque.
Ils sont confectionnés en conformité avec le personnage qu'incarne le masque. Les esprits de la brousse peuvent être habillés de costumes en fibres naturelles, tandis que les masques d'ancêtres sont généralement portés avec un costume en tissu.
Des amulettes contenant des préparations médicinales et d'autres dispositifs de protection tels que des plumes d'oiseaux spécifiques, ainsi que des dents et de la fourrure de léopards ou d'autres animaux, renforcent le pouvoir du masque. Nombre d’entre eux contiennent des symboles de pouvoir, tels que des chasse-mouches, des sceptres ou des armes.

Les masques étant au-dessus des lois des hommes ordinaires, ils portent souvent des signes de pouvoir réservés aux chefs, aux rois ou aux guerriers.

Danseurs africains Salampasu avec masques Mukinka

La coiffe qui dissimule le visage ou la tête du porteur est le plus souvent en bois. Les autres matériaux à partir desquels les masques sont fabriqués peuvent être des tissus ou des fibres. Les coiffes en bois sont classées selon la manière dont elles sont portées : les masques cimier reposent sur le dessus de la tête tandis les masques-heaumes couvrent toute la tête.
Certains masques sont inclinés sur le front, d’autres encore couvrent entièrement le visage. Enfin, de grands masques d'épaules reposent, comme leur nom l’indique, sur les épaules du danseur.

Dans de nombreux cas, des fibres de tissu ou de raphia sont fixées au bord du masque, qui comporte souvent des trous percés à cet effet.

Dans nos contrées, il est rare de trouver des costumes complets dans les collections d’art. Dans de nombreux cas les costumes sont partiellement ou même complètement refaits à chaque représentation du masque, afin qu'ils paraissent frais. Ils sont souvent constitués de matières organiques qui se désintègrent facilement.
Parfois, le costume est volontairement détruit à la fin du festival ou de l’initiation.

Fréquemment, des matériaux autres que le masque sculpté sont retirés lorsqu'ils entrent sur le marché de l'art occidental afin de mieux aligner la pièce sur l'esthétique sculpturale recherchée par les collectionneurs et amateurs d’art tribal africain.

L'art africain a inspiré certains des plus grands artistes contemporains européens; il n'est donc pas surprenant que les masques traditionnels d'Afrique rencontrent un succès aussi franc depuis des décennies. Que l'on apprécie le raffinement des cimiers Tyi Wara des Bamana, l'archaïsme des formes simples des masques Kumu ou la haute stylisation des masques Kifwebe des Songye, il en existe pour tous les goûts et sensibilités dans l'art africain.